Je viens de vivre une petite aventure : j’ai participé à un cours de yoga de niveau avancé… sans le réaliser! Je recommence tout juste à faire du yoga après une pause de 13 ans, donc disons que je n’étais pas dans mon élément. Depuis, on dirait que ma peau sort de la sécheuse et que mon corps ne rentre plus tout à fait dedans.

(Ce n’est pas moi sur la photo, mais mon amie Erin. Elle est, elle, de niveau avancé…)

Mon intention était de participer au cours de yoga super relax, niveau débutant, que j’avais vu à l’horaire. Or, comme je viens tout juste de m’inscrire à ce centre, je n’avais pas réalisé qu’il compte non pas seulement un, mais deux studios. Je me suis donc installée dans le mauvais – celui où débutait un cours de yoga vinyasa niveau 2 et 3. Je dois être niveau 0, en vinyasa, car je ne sais même pas c’est quoi… ;-)

Après les quinze premières minutes à prier pour une pause sans jamais être exaucée, je me suis dit que les cours débutants en Californie doivent être moins débutants qu’ailleurs. Quand j’ai remarqué que j’étais la seule dans le groupe à faire mes push-ups les genoux sur le sol (j’oublie le nom sophistiqué que les yogis donnent aux push-ups…), j’ai sourcillé légèrement. Quand j’ai vu plusieurs participants les pattes dans les airs, les bras en bretzel, je me suis posé de sérieuses questions. Quand la prof a invité ceux qui le voulaient à se tenir debout sur les mains… eh bien, disons que j’ai refusé la belle invitation. Le plus drôle, c’est que je n’ai jamais remis en question le fait que j’étais au cours de relaxation – c’était écrit noir sur blanc à l’horaire, et je ne pouvais pas imaginer qu’il en soit autrement.

Résultat : j’ai passé le cours à me sentir bousculée, et à avoir l’impression que quelque chose ne tournait pas rond. Et je vois que c’est un peu ridicule, en rétrospective, mais puisque je croyais être à un cours de détente, je ne me suis pas permis toutes les pauses dont j’avais besoin (qui prend des pauses pendant un cours de détente?). Et à la fin, ne sachant pas ce que je venais d’accomplir, je n’avais même pas de sentiment d’accomplissement.

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai souvent tendance à sous-estimer l’ampleur de ce que je suis en train de créer ou de surmonter. Le résultat est que je me sens bousculée, que j’ai l’impression que quelque chose ne tourne pas rond, que je ne prends pas toutes les pauses dont j’ai besoin, et que je me prive du sentiment d’accomplissement.

On a l’impression d’être positif lorsqu’on dit «ce n’est pas la fin du monde», «ce n’est pas si difficile», ou lorsqu’on se compare à des personnes qui font des choses bien plus impressionnantes (je suis fascinée par le gars sur la photo, Alex Honnold, qui grimpe des murs de pierre tel celui-ci à mains nues, sans harnais…). Mais au contraire, cette attitude finit souvent par se retourner contre nous et par nous mordre le derrière.

Il n’y a jamais rien de positif ou de constructif à nier la réalité. Si vous trouvez que c’est difficile, eh bien, c’est officiellement difficile. Tenez-le pour acquis, vous n’avez pas besoin d’en douter. Peut-être que ce n’est en apparence qu’une petite action. Ou peut-être même que c’est invisible, comme apprendre à être patient, à être doux envers vous, à lâcher prise. Mais parfois, on doit démontrer un grand courage et traverser de grandes barrières intérieures pour provoquer de très petits mouvements.

Donc oui, si vous trouvez que c’est difficile, ne vous insultez pas en prétendant que ça ne l’est pas. Quand vous faites de beaux efforts, reconnaissez pleinement leur valeur, quel que soit le résultat. Si vous avez besoin d’aide, allez en chercher. Et ressourcez-vous quand vous en avez besoin. Comme en faisant du yoga, pourquoi pas! Assurez-vous juste d’entrer dans la bonne salle, contrairement à moi. ;-)

Bonne journée!

xox