L’art perdu de blâmer les circonstances

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Il y a quelques jours, j’étais confortablement installée dans les jardins d’un centre de santé, mon ordinateur sur les genoux. Je venais de recevoir un magnifique traitement, et je pensais écrire un peu dans ce cadre enchanteur avant de m’en aller. J’aime écrire dans des lieux de toutes sortes – des magasins d’aliments naturel (ceux qui ont des tables), des salles d’attente, des bancs de parc dans la nature ou même en pleine ville.

Donc, j’étais inspirée. Mon environnement était magnifique. Mais rien ne voulait sortir. J’étais incapable de me concentrer, avec une tendance à m’évader sur mon iBidule aux mille tentations. J’ai donc commencé à me juger un peu et à essayer d’être plus disciplinée. Mais pourquoi n’étais-je pas capable de dépasser mon blocage?

Puis, juste avant d’officialiser mon constat d’échec, je me suis souvenue des propos d’une auteure que je respecte beaucoup. Dans une entrevue que j’ai lue récemment, elle disait qu’elle n’arrivait à écrire que chez elle, car elle avec besoin d’être seule dans son cocon. Et le fait de me remémorer ses propos a immédiatement viré ma perspective à l’envers… Je n’ai pas les mêmes besoins qu’elle, mais j’étais fascinée par la possibilité de dresser ce type de conclusion. Je n’avais même pas pensé que mon «problème» puisse être causé par le contexte – par le fait que je pourrais avoir besoin d’un moment pour intégrer le traitement que je venais de recevoir, par exemple. Si ça ne coulait pas comme je le souhaitais, c’était automatiquement moi qui avais quelque chose à travailler.

On ne passe généralement à côté d’aucune occasion de se blâmer, n’est-ce pas? L’explication «c’est ma faute» est la réponse passe-partout qu’on peut donner à tous les problèmes sans craindre de se tromper. Du moins, c’est ce qu’on croit. Or, parfois ce ne sont pas des leçons qu’on doit apprendre ou des parties de soi qu’on doit changer, mais des réalités bien concrète qui doivent être ajustées, ou simplement respectées.

Ce n’est pas qu’on n’arrive pas à augmenter notre énergie et à avoir une attitude ensoleillée. C’est que notre système nerveux manque littéralement de soleil et de vitamine D.

Ce n’est pas qu’on n’est pas assez social ou extraverti. C’est qu’on essaie de l’être dans des contextes où les personnes n’ont à peu près rien en commun avec nous.

Ce n’est pas qu’on n’est pas un entrepreneur fonceur. C’est qu’on a de la difficulté à bâtir quelque chose quand on vit un stress financier – on gagnerait à trouver un emploi et stabiliser nos finances en premier.

La responsabilisation est une très belle chose, mais on la réduit à une caricature ridicule si on se ramène systématiquement à la notion qu’on est la cause de toutes nos difficultés. Se responsabiliser est essentiellement une quête de vérité, et la vérité est à peu près toujours nuancée. Sinon, ce n’est que de la bonne vieille culpabilisation, bien grossière et pas constructive pour un sou.

On pourrait toujours essayer d’être plus fort que tout, bien sûr… Pousser à travers la résistance. S’acharner pour devenir cette version idéale de soi qui est imperturbable. Transcender toutes nos particularités humaines pour entrer dans le moule. Mais pourquoi ne pas mouler la vie à nous, parfois? Oui, plutôt que de toujours vouloir travailler sur soi, pourquoi ne pas choisir de se prendre comme on est et travailler sur les circonstances qui ne nous conviennent pas tout à fait?

Je parie qu’il y a une situation en ce moment que vous vivez et qui vous amène à vous juger encore et encore. J’ai envie de vous demander, juste pour explorer : s’il était impossible de vous blâmer, quelle cause pourriez-vous trouver aux difficultés que vous rencontrez? Et que diriez-vous de prendre ces réalités au sérieux, de faire des ajustements en conséquence? Parfois, il n’est pas possible de se donner ce dont on a besoin à 100 %, mais on peut s’en approcher et, au moins, enclencher un mouvement. Oh, et si on ne sait pas exactement ce qui bloque, on peut utiliser l’énergie qu’on investissait à se taper dessus pour investiguer.

Je suis la première à dire qu’on a toujours quelque chose à apprendre, et qu’il y a toujours de la place pour évoluer. C’est juste que souvent, le plus grand apprentissage possible est de s’accueillir tel qu’on est et de renoncer aux combats qu’on n’a pas besoin de livrer.

Bonne journée!

XOX

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15 réflexions au sujet de “L’art perdu de blâmer les circonstances

  1. Il me semble pourtant qu’autour de moi, ce sont toujours les circonstances qu’on invoque pour justifier n’importe quel manquement ou problème ! Même moi, qui ai souvent tendance à rejeter la « faute  » sur un événement extérieur. …

    Sans compter que l’on a pas toujours -pas souvent – de prises sur l’extérieur. Je suis épuisée, ce n’est pas ma faute
    Mais il faut me lever et aller travailler. Je n’ai pas d’autre choix. …
    Merci de vos textes, qui me font réfléchir et progresser

    1. Marie-Pier Charron dit:

      Coucou.
      Oui, c’est effectivement ce qu’on dit souvent — les gens tendent à blâmer les autres. Cela dit, le type de personnes qui lisent Matin Magique ont plutôt la tendance inverse. Et en réalité, les deux vont ensemble… Car même la personne qui blâme le monde extérieur se blâme en même temps. Souvent, la personne qui blâme les autres le plus est celle qui se blâme le plus, même si elle ne le réalise pas. C’est pourquoi elle a besoin de projeter sa culpabilité sur l’autre.

      Ce n’est pas un sujet auquel j’ai réfléchi longuement, mais c’est ce qui me vient en te lisant…

  2. Bonjour Marie-Pier
    Merci pour ces lignes pleines de sagesse. Grâce à ces quelque lignes me voici plus apaiséeface à certaines situations qui en effet ne sont pas uniquement sous ma responsabilité. Difficile de lâcher quand on cherche à tout contrôler et comprendre.
    MERCI .
    Belle journée à vous

    1. Mimi Grondin dit:

      Surtout à comprendre !! Pourquoi ?? Pourquoi ?? Si j’arrivais à seulement accueillir et accepter les événements avec tendresse !!

  3. Encore un très beau « concours de circonstances » entre tes messages et ma vie, Marie! :)

    Je suis dans une situation de rupture parce que des conflits incessants, et la difficulté à communiquer sans violence, etc…et l’impossibilité de faire comprendre la responsabilité de l’autre, malgré que je reconnaisse la mienne (puisqu’on est deux, même si c’est assez « déséquilibré » côté « remise en questions » et efforts pour apaiser, etc).

    J’en étais donc arrivée à me faire comme je pouvais à l’idée d’une fin sans reconnaissance de ces efforts de ma part, mais avec ce doute de « et si j’avais fait plus, mieux, etc? »…donc en reprenant toute la situation et en l’examinant sous l’angle de MA responsabilité (entière et exclusive), avec glissement vers une nouvelle vague de culpabilité: « c’est moi qui aurait dû mieux faire/être ».
    Puis, mouvement de rééquilibrage encore fragile pour moi qui ai tendance à me sur responsabiliser/culpabiliser (oui, décidément, que la frontière est glissante entre les deux!), à réexaminer encore (et encore, et encore…) les faits, en me disant que si moi, j’aurais dû/pu mieux faire, les circonstances ne dépendaient pas « que » de moi, mais aussi de l’autre (et, bien sûr, de ce qui nous échappe à tous les deux)…ça, c’était hier soir…

    Or, il n’empêche qu’en lisant le titre de ton message, je me suis tout de suite dit qu’il allait contenir l’inverse de ce qu’il contient (et me remettre en doute): qu’au delà des circonstances, il faut aussi savoir SE remettre en cause et en questions, etc, etc.

    En lisant son contenu, je me suis sentie soulagée, forcément, mais aussi interpellée par mon interprétation première du titre: oui, malgré la résolution de ne plus systématiquement tout prendre sur moi, le programme par défaut est toujours bien « implanté », et mon premier réflexe est toujours de chercher de mon côté, en éludant le rôle de ce qui n’est pas moi et sur lequel je ne peux pas avoir « prise » (les circonstances, et d’autant plus si elles se manifestent sous forme de comportements d’autrui que je ne peux évidemment pas « forcer »).

    La question « et si vous ne pouviez pas vous blâmer vous, quelles causes… » est une clé que je me réjouis d’utiliser aujourd’hui pour changer de perspective sur mon problème du moment, et qui arrive donc exactement au bon moment, comme une révélation de la persistance automatique » d’un pattern qui me paralyse depuis longtemps.

    Merci encore (j’écris rarement des commentaires, mais ce n’est pas le premier message qui m’a aidée: depuis que je suis abonnée, je ne les compte plus :) )

    1. Merci ! La lecture de ce texte et la lecture du commentaire de Caroline, m’a grandement aidé. Je vis exactement ce que vit Caroline, mais sans en être autant consciente. Caroline a mis des mots sur cette tendance que j’ai à mettre toute la responsabilité sur mes épaules. Cette question de Marie, « et si vous ne pouviez pas vous blâmer vous, quelles causes… », je vais me la poser plus souvent, et relativiser davantage.
      Hélène

  4. Bonjour,

    Bienvenu cet article qui m’apporte un éclairage supplémentaire, un confort ( être plus forte) sur une idée que je commence de communiquer : « l’idée de devoir « travailler » toujours sur soi pour devenir toujours plus la meilleure version de soi-même au lieu d’être juste « la vraie » !

    Le développement personnel finit par être beaucoup trop centré sur notre personne. C’est un paradoxe ! centé sur soi pour s’adapter à l’environnement.

    Et justement hier j’ai vécu un petit moment de culpabilité et de honte après avoir dit à quelqu’un qui m’interrogeait que je n’aimais pas la ville où j’habitais depuis 6 ans et que j’avais enfin trouvé le lieu où je voulais aller et que celui-ci me convenait beaucoup mieux !
    J’ai éprouvé un petit mal-aise après cela et j’ai fini par l’accepter.
    Belle synchronicité.
    Merci Marie Pier

  5. Bonjour MArie _pier et bonjour à ttes et tous.

    Je veux juste témoigner que c’est en s’acceptant et en acceptant toutes les situations, souffrances que nous avons que l’on trouve les solutions.
    Aimez_ vous et soyez compatissant envers vous et envers les autres( m^me vos  » bourreaux ».
    Vos verrez alors les choses s’éclaircir!
    Chacun – chacune à tout , je dis bien tout en soi pour avancer et trouvez ce qu’il nous faut.
    Ecoutez vos envies et votre coeur
    IL y a un an, même 2, j’étais à votre place e maintenant, je sais qui je suis, pourquoi je suis sur cette Terre,j’ai un nouveau travail que j’adore , ma famille est plus soudée que jamais et pourtant…
    Je vous envoie un souffle d’amour!
    Merci marie_pier, tu es un ange!

  6. Merci Marie-Pier pour ce beau texte. Je prends soudainement conscience que je me culpabilisais de ne pas avoir bien élevé mes enfants lorsqu’ils étaient plus jeunes. J’avais pourtant fait tout mon possible avec ce que j’avais appris de mes parents. La façon de faire est bien différente aujourd’hui que celle jadis dans les années 70. Et c’est tant mieux.
    En apprenant tout doucement à me prendre comme je suis, et travailler sur les circonstances qui me conviennent pas tout à fait, c’est à mon point de vue, travailler sur moi, car c’est moi qui passe à l’action afin d’améliorer mon quotidien; ce ne sont pas les circonstances. C’est en ce sens que je suis responsable de mon bonheur ou de mon malheur.

  7. MERCI encore ce matin…ce texte tombe encore à point…comme quoi (je le disais la dernière fois) nous sommes tous reliés sur cette terre. Les réponse que nous cherchons en nous, viennent quelquefois d’ailleurs et c’est tant mieux. L’impact est souvent plus grand…quand nous savons les écouter. Une étoile est arrivée depuis tellement d’années et c’est toi…Marie-Pier. Je suis abonnée à ton site depuis….je ne sais plus combien d’années (Trèèèèès longtemps) C’est une des choses que j’ai gardé depuis tout ce temps dans ma vie (j’ai fais un gros ménage de livres, CD, cours, courriels positifs etc) Comme quoi, la simplicité est la meilleure des thérapies…

  8. philippe.orion... dit:

    bonjour et merci MARIE-PIER ,une fois de plus une belle reflecxion sur le je suis.
    nous sommes toujour pres a metre la faute sur l autre,plus facile,que de se metre en mode analyse pour soit meme.
    mais quand on accepte que l on soit cocreateur de notre vie,cela se fait plus naturellement.
    a nous d arreter de se prendre le tete ,suivont simplement notre chemin de vie,dans L AMOUR pour nous meme.
    MERCI et BISES fraternel a TOI MARIE-PIR et A VOUS TOUS

  9. bonjour Marie Pier , à la retraite j’ai le temps à concentrer à l’écriture , je voulais laisser une trace de mon passage pour mon petit fils ,j’ai écrit l’histoire d’une vie ( généalogie, nos vies, )ayant fait mon sommaire un plan de vie , plus j’écrivais plus les souvenirs remontaient à la surface de ma vie ,joies et souffrances ; c’est une transmission ,tous les jours j’apprends de la vie c’est une école il faut être humble cela me rappelle une chanson de jean GABIN « je sais qu’on ne sait jamais » laissons une porte ouverte à la connaissance ,on a toujours quelque chose à apprendre de la vie ,et des autres , le vivre ensemble bonne journée gisele

  10. Marie Claire dit:

    Encore une fois, quand j’ai besoin de comprendre une loi de la vie, mon âme confirme la leçon en me l’envoyant 2 fois. En une journée, à quelques heures d’intervalle, je lis ton mot et une note de Nicole Bordeleau : »L’acceptation de soi, quant à elle, est la clé qui ouvre la porte de la guérison intérieure. »et  »Méditer consiste à lever le voile sur nos illusions ».
    Nous serons au moins deux à rechercher l’acceptation de soi ces temps-ci …

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