Un cas spécial

Ma peur veut que j’arrête, parce que ma peur veut que je sois en sécurité, et ma peur perçoit tout mouvement, toute inspiration, tout travail, toute activité, toute passion comme une menace potentielle pour ma vie. Ma peur veut que je vive une plus petite vie. La plus petite vie imaginable, idéalement. Ma peur préférerait que je ne sois jamais sortie du lit.
Votre peur est comme la mienne. Exactement comme la mienne. Je vous le
- Elizabeth Gilbert, auteure de Mange, Prie, Aime -

Avez-vous l’impression que vos blocages sont très spéciaux, plus spéciaux que les blocages de n’importe qui d’autre? Évidemment, vous savez bien que vous n’êtes pas la seule personne perfectionniste sur la planète (par exemple), ou que nous sommes nombreux à manquer également de confiance en nous (toujours par exemple)… Mais êtes-vous convaincu que votre perfectionnisme ou votre manque de confiance est plus sérieux, plus complexe que celui des autres? Avez-vous le sentiment que vos blessures sont si particulières que même si vous étiez entouré d’un groupe de gens disant rencontrer le même problème, ou de spécialistes ayant l’habitude d’aider leurs clients à relever ce même défi, personne ne pourrait vraiment vous comprendre ou vous aider?

Vous n’êtes pas la seule personne à avoir cette impression. Et surtout : contrairement à ce que vous pensez, vous n’êtes pas la seule personne à rencontrer ce blocage en particulier, exactement de la façon dont vous le rencontrez. En fait, j’espère ne pas vous décevoir, mais votre limite n’a rien d’unique. Elle est même très, très banale. Se faire passer pour spéciale est simplement une des tactiques qu’elle utilise pour continuer de vous mener par le bout du nez… Elle sait que si vous la considérez comme la plus grosse ou la plus étrange ou la plus profonde limite de tous les temps, vous resterez sous son emprise. Vous tiendrez pour acquis qu’il n’y a pas d’espoir, que les solutions qui ont fonctionné pour les autres ne seront pas assez puissantes pour vous, que l’approche hyper sophistiquée qui pourrait aider un cas aussi spécial que le vôtre n’a pas encore été inventée. Vous ne tenterez donc même pas vraiment de vous en libérer – ou vous le ferez mollement, juste assez pour pouvoir dire que vous avez essayé, mais pas assez pour provoquer une réelle transformation.

Une des expériences les plus libératrices qu’on peut vivre, à mon avis, est de s’exposer à des personnes qui parlent de ce qu’elles vivent à cœur ouvert, sans censure. Et de les écouter. Car chaque fois, on constatera que tous les mécanismes qui nous amènent à nous sentir aussi petit, ou à avoir peur, sont on ne peut plus universels. En fait, bien qu’ils s’expriment sous différentes formes d’une personne à l’autre, on pourrait même dire qu’ils font partie de notre équipement de série. Et la croyance qu’ils sont uniques à nous fait partie de notre équipement de série, aussi. La réalité est que nous sommes tous dans le même bateau, avec la vague impression d’être seul dans notre chaloupe. Et si souvent, on s’épuise à ramer seul dans notre coin alors que l’on pourrait ramer à l’unisson.

Ainsi, je vous invite chaleureusement à ouvrir ce petit espace tout fermé où vous cachez ces parties de vous qui vous semblent si spectaculairement défectueuses ou brisées. Mettez-les en lumière, parlez-en à des personnes dignes de confiance. Et quand d’autres personnes – comme moi par exemple – disent vivre ou avoir vécu à peu près la même chose, ouvrez-vous à la possibilité de les croire. En fin de compte, entraînez-vous à voir votre gros problème bien particulier comme un défi bien ordinaire qui peut être relevé, et ouvrez-vous aux nombreuses ressources autant extérieures qu’intérieures qui vous aideront à y arriver. Car oui, nous sommes nombreux à parcourir exactement le même chemin, ou un chemin pas mal équivalent… Quelque chose comme sept milliards, plus précisément.

Bonne journée!

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